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LA ROUTE DU SUD

« Plus on avance, plus ça sent le printemps », a fait observer Qu’un-Œil. Il était de bonne humeur.

J’avais remarqué de brefs pétillements malicieux dans le regard de Gobelin aussi, ces derniers temps. Avant peu, ces deux-là trouveraient un prétexte pour raviver leur vieille querelle. La magie pétaraderait. À défaut d’autre chose, nous aurions de la distraction.

Madame paraissait en de meilleures dispositions, bien que toujours aussi muette.

« Fin de la halte, ai-je dit. Otto, éteins le feu. Gobelin, à toi de passer en tête. » J’ai commencé à descendre la pente. Dans deux semaines, nous arriverions à Charme. Je n’avais pas encore dévoilé mes projets pour là-bas.

J’ai remarqué des busards qui tournoyaient. Une charogne devant, pas loin de la route.

Je n’aime pas les présages. Ils me mettent mal à l’aise. Ces rapaces m’ont fichu la chair de poule.

J’ai fait un geste. Gobelin a acquiescé. « J’y vais, a-t-il dit. Étirez les distances.

— D’accord. »

Murgen l’a laissé s’éloigner de cinquante pas supplémentaires. Otto et Hagop ont attendu eux aussi pour accroître l’espacement. Mais Qu’un-Œil est resté dans la foulée de Madame et, tandis que je m’efforçais de garder Gobelin en vue, debout dans mes étriers, il est venu me confier : « J’ai un mauvais pressentiment, Toubib. Ça pue. »

Gobelin n’a pas donné l’alerte, mais confirmé l’appréhension de Qu’un-Œil. Ces oiseaux de malheur annonçaient bel et bien un drame.

Un carrosse fantaisie était renversé au bord de la route. Deux des chevaux de l’attelage qui en comptait quatre gisaient entre les brancards, morts de leurs blessures. Les deux autres avaient disparu.

Autour du carrosse se trouvaient les corps de six gardes en uniforme, du cocher, et la dépouille d’un cheval sellé. Dans le carrosse, il y avait un homme, une femme et deux enfants en bas âge. Tous assassinés.

« Hagop, ai-je appelé. Vois ce que tu peux lire dans les indices. Madame. Connaissez-vous ces gens ? Reconnaissez-vous leur blason ? » J’indiquais les armoiries qui ornaient la portière.

« Le Faucon de Barrière. Proconsul de l’Empire. Mais il n’est pas de ceux-là. Il est plus vieux, et gros. C’est peut-être sa famille. »

Hagop nous a dit : « Ils faisaient route vers le nord. Ils se sont fait prendre par des brigands. » Il a exhibé un morceau de tissu sali. « Ils se sont défendus. » Comme je ne répondais rien, il a attiré mon attention sur le bout d’étoffe.

« Les Gris ! » me suis-je exclamé. Les Gris, c’étaient les troupes impériales des armées du Nord. « On est un peu loin de leur secteur.

— Des déserteurs, a dit Madame. L’effondrement a commencé.

— Probable. » J’ai froncé les sourcils. J’avais espéré que cet effondrement se produirait quand nous aurions pris la clé des champs et pas avant.

« Il y a seulement trois mois, une pucelle pouvait traverser seule l’Empire sans risque », a fait Madame, songeuse.

Elle exagérait. Mais à peine.

Avant le combat des Tumulus qui les avait laminés, ses puissants séides – les Asservis – faisaient régner l’ordre dans les provinces et réprimaient férocement tout délit. Et pourtant, en tous lieux et toutes époques, il se trouve des braves ou des fous pour tester les limites et des suiveurs pour s’engouffrer dans leurs brèches. Ces agissements se multipliaient dans un empire privé de son ciment de coercition.

J’espérais que nul ne soupçonnait encore la mort des anciens maîtres. Mes plans dépendaient du respect des vieilles apparences.

« On commence à creuser ? a demandé Otto.

— Dans une minute, ai-je répondu. À quand remonte cette tuerie, Hagop ?

— Deux heures à peu près.

— Et personne n’est passé depuis ?

— Oh si. Mais tout le monde a préféré faire un détour.

— Ça doit être une sacrée troupe de bandits, a déclaré Qu’un-Œil, songeur, s’ils peuvent se permettre d’abandonner les corps sur place.

— Peut-être qu’ils les ont laissés en évidence, ai-je avancé. Peut-être qu’ils essaient de se forger leurs propres lettres de noblesse.

— Probable, a dit Madame. Sois prudent, Toubib. »

J’ai haussé un sourcil.

« Je n’ai pas envie de te perdre. »

Qu’un-Œil a gloussé. J’ai rougi. Mais ça faisait plaisir de la voir reprendre vie.

 

On a enterré les corps mais laissé tel quel le carrosse. Nos devoirs de gens civilisés remplis, nous avons repris la route.

Deux heures plus tard, Gobelin a rebroussé chemin. Murgen s’est posté bien en vue dans un tournant. Nous traversions une forêt, mais la voie était bonne et ses abords essartés. On l’avait restaurée pour le trafic militaire.

« Il y a une auberge en amont, a annoncé Gobelin. Elle ne m’inspire rien qui vaille. »

La nuit allait bientôt tomber. Nous avions passé notre après-midi à enterrer les morts. « Elle a l’air occupée ? » La région nous avait paru étrangement déserte, après notre corvée d’inhumation. Nous n’avions pas croisé un chat. Les fermes aux abords des bois semblaient à l’abandon.

« Elle grouille de monde. Au moins vingt têtes de pipe dedans. Cinq dans les écuries. Trente chevaux. Plus une vingtaine d’autres qui campent dans la forêt. Avec encore quarante chevaux. Et des vivres en abondance. »

L’alternative paraissait évidente : passer au large ou donner tête baissée dans les ennuis.

La décision n’a pas traîné. Otto et Hagop se sont exprimés en faveur d’une halte. On avait Qu’un-Œil et Gobelin en cas de grabuge.

Les deux sorciers tiquaient à l’idée d’être un peu trop mis à contribution.

J’ai demandé un vote consultatif. Murgen et Madame se sont abstenus. Otto et Hagop voulaient qu’on s’arrête. Qu’un-Œil et Gobelin ont échangé des regards, chacun attendant que l’autre parle pour prendre le contre-pied.

« Soit, on y va, ai-je décidé. Les bouffons vont se manger le nez, mais ça fera quand même une majorité pour…» À ces mots, les deux sorciers se sont unis et ont voté pour aussi, histoire de me faire passer pour un couillon.

Trois minutes plus tard, j’apercevais l’auberge délabrée. Un malabar campé en travers de la porte a examiné Gobelin. Un autre, assis sur une chaise branlante adossée au mur, mâchouillait une brindille ou un fétu de paille. Le type devant la porte s’est écarté.

D’après Hagop, les bandits dont nous avions vu la triste besogne sur la route étaient des Gris. Or le gris, c’était la couleur des uniformes dans les territoires d’où nous venions. En forsbergien, la langue la plus couramment parlée dans les armées du Nord, j’ai demandé au type sur sa chaise : « L’auberge est ouverte ?

— Ouais. » Il a plissé les yeux. Il se posait des questions.

« Qu’un-Œil. Otto. Hagop. Occupez-vous des bêtes. » À voix basse, j’ai demandé : « Y a anguille sous roche, Gobelin ?

— Quelqu’un vient de sortir par l’arrière. Ils sont sur pied à l’intérieur. Mais rien d’inquiétant dans l’immédiat. »

Le type sur la chaise n’appréciait pas nos messes basses. « Vous pensez rester combien de temps ? » a-t-il demandé. J’ai remarqué qu’il avait le poignet tatoué, nouvel indice qui le désignait comme un immigrant du Nord.

« Juste la nuit.

— On est complet, mais on trouvera un coin pour vous caser. » Bonne pâte d’homme.

Des petits malins, ces déserteurs. L’auberge leur servait de base, ils y choisissaient leurs victimes. Mais ils passaient aux actes sur la route.

Le silence régnait dans la salle commune. Nous avons dévisagé ses occupants, des types patibulaires et quelques femmes passablement défraîchies. Ils ne cadraient pas avec le décor. Les auberges de grand chemin sont généralement des établissements de famille, infestés d’une ribambelle de gosses, de vieillards et de tout l’éventail des âges intermédiaires. Ici, personne ne paraissait à sa place. On ne recensait que des hommes durs et des femmes de mauvaise vie.

Il y avait une large table vide près de la porte de la cuisine. Je m’y suis installé, dos au mur. Madame s’est laissée choir à mon côté. Je la sentais à vif. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la reluque sans se gêner comme en cet instant.

Elle restait belle malgré la poussière du chemin et ses vêtements râpés.

J’ai posé ma main sur la sienne, un geste apaisant plutôt que possessif.

Une gamine potelée de seize ans au regard bovin égaré est venue me demander combien nous étions, ce que nous voulions comme repas et comme chambres, s’il fallait chauffer de l’eau pour des bains, jusqu’à quand nous entendions rester et de quelle couleur était notre argent. Elle a enchaîné ses questions d’un ton morne mais en s’appliquant de son mieux, comme si la hantise de commettre une erreur l’obnubilait.

Quelque chose m’a soufflé qu’elle appartenait à la famille qui tenait normalement l’auberge.

Je lui ai lancé une pièce d’or. Nous en détenions une profusion, ayant pillé certaines caisses impériales avant de quitter les Tumulus. L’éclat de la pièce tournoyante a allumé une soudaine lueur dans certains yeux qui prétendaient regarder ailleurs.

Qu’un-Œil et les autres sont entrés pesamment, ont rapproché des chaises. Le petit homme noir a murmuré : « C’est le branle-bas dans les bois. Ils ont des projets pour nous. » Un rictus lui a étiré le coin gauche de la bouche. Certainement, des projets, il en avait lui aussi. Il adore regarder les sales types se fourrer eux-mêmes dans le pétrin.

« Il y a projet et projet, ai-je dit. Si ce sont des bandits, on les laissera se passer la corde autour du cou. »

Il a voulu savoir ce que j’entendais par là. Mes tactiques sont parfois plus tordues que les siennes. Tout ça parce que je perds mon sens de l’humour et que je n’y vais plus par quatre chemins.

 

On s’est levés avant l’aube. Qu’un-Œil et Gobelin, par un de leurs sortilèges favoris, ont plongé tous les occupants de l’auberge dans un profond sommeil. Puis ils se sont faufilés dans la forêt pour réitérer la prestation. Nous autres avons préparé les bêtes et les affaires. J’avais eu ma petite algarade avec Madame. Elle voulait que je fasse quelque chose pour les femmes tenues captives par les brigands.

« Si je me mets en tête de redresser tous les torts qui se présentent, je n’arriverai jamais à Khatovar. »

Elle n’a pas pipé. Nous sommes partis quelques minutes plus tard.

 

Qu’un-Œil a annoncé qu’on approchait de l’orée de la forêt. « L’endroit me paraît parfait », ai-je dit. Murgen, Madame et moi-même nous sommes embusqués dans les fourrés à l’ouest de la route. Hagop, Otto et Gobelin ont obliqué vers l’est. Qu’un-Œil s’est simplement retourné pour attendre sur place.

Il restait inactif en apparence. Gobelin s’activait lui aussi.

« Et s’ils ne viennent pas ? a demandé Murgen.

— Alors on s’est gourés. Ce ne sont pas des bandits. Je leur lancerai des excuses dans le vent. »

Nul n’a rompu le silence pendant un moment. Quand j’ai relevé le nez vers la route, Qu’un-Œil n’était plus seul. Une demi-douzaine de cavaliers se dressaient derrière lui. Cette vision était poignante. Tous étaient les spectres de gars que j’avais connus, de vieux camarades trépassés depuis longtemps.

J’ai battu en retraite, plus secoué que je ne m’y attendais. Mon état nerveux ne s’est pas arrangé. Les rais du soleil filtrés par le feuillage tachetaient les doubles de bien d’autres amis défunts. Ils attendaient avec armes et boucliers, prêts, silencieux, en fantômes obéissants.

Il ne s’agissait pas de revenants, à vrai dire, sauf dans mon esprit. C’étaient des illusions créées par Qu’un-Œil. De l’autre côté de la route, Gobelin levait sa propre légion d’ombres.

Quand on leur laissait le temps de travailler, ces deux-là pouvaient se révéler des artistes.

L’identité de Madame, désormais, ne faisait plus aucun doute.

« Des bruits de sabots, ai-je déclaré inutilement. Ils arrivent. »

Mon estomac s’est vissé. Nous avais-je mis dos au mur ? Avais-je présumé de nous ? S’ils choisissaient le combat… Si Gobelin ou Qu’un-Œil flanchait…

« Trop tard pour tergiverser, Toubib. »

Je me suis retourné vers Madame, rayonnante image de ce qu’elle avait été. Elle souriait. Elle savait ce que je pensais. Combien de fois s’était-elle posé ces questions, face à un échiquier d’une tout autre ampleur ?

Les brigands sont apparus dans le virage. Ils ont pilé en découvrant Qu’un-Œil qui les attendait.

Je me suis avancé. Dans tout le sous-bois des chevaux fantomatiques se sont mis en mouvement avec moi. On entendait des bruits de harnais, des frottements. Belle finition, Qu’un-Œil. Ce que j’appelle de l’ultraréalisme.

Il y avait vingt-cinq bandits. Ils tiraient des mines soucieuses. Leurs têtes se sont encore allongées quand ils ont remarqué Madame, puis la bannière spectrale sur la lance de Murgen.

La Compagnie noire était très connue.

Deux cents arcs fantômes se sont ployés. Cinquante mains ont jailli vers les nues pour chatouiller un ventre céleste imaginaire. « Je suggère que vous mettiez pied à terre et que vous déposiez les armes », ai-je lancé à leur capitaine.

Il a avalé quelques goulées d’air, considéré le rapport de forces et obtempéré. « Et maintenant écartez-vous de vos chevaux, vilains chenapans. »

Ils se sont éloignés. Madame a fait un geste. Les chevaux se sont tous retournés et dirigés au trot vers Gobelin, qui était le véritable incitateur. Il a laissé le troupeau passer. Ils retourneraient à l’auberge pour annoncer la fin de la terreur.

Du gâteau. Vraiment du gâteau. Pas la moindre anicroche. Exactement comme on s’y prenait au bon vieux temps. Manœuvre et ruse.

Pourquoi risquer de prendre des coups quand on peut régler la question à l’esbroufe ?

Nous avons ligoté les prisonniers à la queue leu leu pour les contrôler facilement, puis nous sommes partis vers le sud. Les brigands s’étaient bien dépensés quand Gobelin et Qu’un-Œil se sont relâchés. Ils ont trouvé le procédé indigne.

Deux jours plus tard, on arrivait à Tricot. Avec de nouveau Qu’un-Œil et Gobelin pour jeter de la poudre aux yeux, Madame a livré les déserteurs à la justice du commandant de garnison. On n’avait eu besoin d’en liquider que deux en cours de route.

Une petite péripétie pour pimenter le voyage. Maintenant qu’elle était terminée et que Charme approchait d’heure en heure, force m’était de reconnaître que les ennuis pointaient leur nez.

La totalité des annales que mes compagnons croyaient en ma possession se trouvaient entre les mains des impériaux. Elles y étaient tombées au Pont de la Reine, lors d’une défaite dont le souvenir nous hante encore. On m’avait promis de me les restituer une fois fini le combat des Tumulus. Mais les circonstances après la lutte n’avaient pas permis ce dénouement. En conséquence de quoi, il avait bien fallu que je me résolve à aller les chercher moi-même.

 

Jeux d'Ombres
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